lundi 27 août 2012

Quelqu'un de peu recommandable






La nuit n’avait pas été exactement comme il l’avait imaginé.
« Chez Sélène » ne signifiait pas dans son appartement mais dans sa propriété en banlieue parisienne. Et qu’elle propriété ! Les portails en fer forgé ouvraient leurs battants grâce à une reconnaissance vocale, la maison était en fait un véritable manoir et derrière le bâtiment il n’y avait rien de moins qu’une petite forêt.
-          On dormira dehors. Je n’aime pas les espaces confinés.
« Espaces confinés » ?
Il l’attendit dehors, devant la porte du manoir, vieille et immense, taillée dans un tronc d’un seul bloc. Des scènes de mythologie se dressaient devant ses yeux. Ou du moins c’est ce qu’il croyait reconnaître. Il reconnut Orion sur le côté, défendant la déesse Artémis contre un scorpion géant (il était maintenant imbattable sur l’histoire de ce personnage). Plus haut il vit une autre scène, une fille revêtue d’une armure, brandissant un sceptre dans une main et un énorme bouclier dans l’autre. Autour d’elle trônait les douze animaux du zodiaque.
Sélène réapparut avec une tente à monter, une lampe de poche et des couvertures polaires. Lui intimant de la suivre, elle se dirigea vers le bois.
-          Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda Myrien en désignant la scène sculptée. Je ne connais pas.
-          Une chimère de plus, répondit-elle sans s’arrêter. Ce sont les constellations du zodiaque protégeant la déesse de la guerre Athéna. Cette scène n’existe dans aucun texte antique reconnu, mais on retrouve de temps en temps quelques bribes de textes ou même des… témoignages relatant l’existence de… tout ça. On ne sait pas bien s’il s’agit d’animaux, de guerriers, ou même de protecteurs mi-humains mi-bêtes. Certains y voient une allégorie de la puissance guerrière d’Athéna qui puise sa puissance dans les forces de la terre et du ciel, représentées par les douze signes du zodiaque, d’autres pensent qu’il s’agit de combattants mythologiques, d’une légende oubliée. Il y en a même certains pour penser que ces serviteurs d’Athéna existeraient encore de nos jours, protégeant la Terre contre des menaces inconnues. Une sorte de secte œuvrant dans l‘ombre pour le bien commun, si tu veux.
-          Et toi qu’est-ce que tu en dis ?
-          Les personnes qui pensent ça ne sont pas très bien perçues dans les milieux scientifiques. Un peu comme les chasseurs d’OVNI.
Pas la peine d’être Einstein pour comprendre qu’elle éludait sa question. Il n’insista pas.

***

La nuit fut bonne conseillère, car après tout, il avait eu tout le temps de réfléchir. Pas une seule heure de sommeil. Il était resté allongé à côté d’une fille splendide et celle-ci s’était endormie en quelques secondes seulement en lui tournant le dos. Au bout de quelques minutes, elle avait tourné son visage vers lui. Un visage de femme qui gardait toujours un petit air d’enfant, et des lèvres… En plus du confort tout à fait sommaire, pas étonnant qu’il n’ait pu dormir ! Au passage, il avait pu vérifier la menace de la jolie rousse : le couteau en céramique, une lame de dix centimètres environ, était rangé dans un étui de pierre qu’elle tenait serré contre sa poitrine comme un doudou. Belle et effrayante. Fascinante.

-          Bon, prêt pour le voyage ? demanda-t-elle lorsqu’elle ouvrit les yeux ?
-          Bien sûr.
Le temps qu’il mit pour répondre, Sélène avait déjà quitté la tente pour s’étirer à l’extérieur.
-          Pourquoi nous avons dormi dehors ? Tu avais peur que tes parents s’imaginent des choses ?
-          Il n’y a pas de parents ici. Je te l’ai déjà dit, j’aime pas les espaces confinés pour dormir. Maintenant si tu veux manger, je te conseille de me suivre.
Lorsqu’il quitta la tente à son tour, il fut étonné de découvrir cette forêt en plein jour. Elle était bien plus grande qu’il ne l’avait imaginé.
-          Tes parents ont une sacrée fortune on dirait, fit-il sur le chemin du manoir.
-          Pas de parents ici, je te l’ai déjà dis, répéta-t-elle encore sans se détourner.
Sur ce, elle garda le silence jusque devant les portes de bois.
-          J’ai changé d’avis. Il faudrait que je passe par chez moi avant notre départ.
-          Tu n’habites pas ici ? Pourquoi faut-il qu’on passe chez toi ?
-          Ici, c’est la résidence secondaire. Mon chez moi est à Dingle, et il n’y a que moi qui y vais. On se retrouve ce soir. Je vais te donner ce qu’il faut pour que tu t’occupes des préparatifs.

Une fois de plus, Sélène avait dirigé les opérations d’une main de maître. Elle avait remis une somme à Myrien, en cash, pour qu’il fasse ouvrir la porte de son studio par un serrurier et qu’il rassemble ensuite tout l’attirail qu’elle lui avait noté sur une liste. Il devait également préparer ses affaires et régler tout ce qu’il pourrait avoir à régler sur place. Le voyage pouvait être long et il était inutile de conserver un appartement vidé de sa présence.
La somme (plusieurs milliers d’euros) était bien plus que suffisante pour remplir à bien sa mission du jour. Comme elle lui avait laissé carte blanche pour utiliser le reste de la somme à sa convenance, il dépensa le surplus pour acheter des chargeurs de batteries solaires, un ordinateur portable ultra plat avec de quoi se connecter au wifi sur quasiment toute la surface du globe, et un gaussmètre. Cet appareil permettait de mesurer les champs électriques et électromagnétiques d’une zone. Si Sélène savait effectivement où trouver le casque d’Orion et qu’ils le trouvaient, si le morceau de métal en question près des sept cratères dégageait réellement un champ magnétique et si celui-ci appartenait bel et bien au casque, alors ils pourraient mesurer la puissance du champ autour du casque et vérifier en un clin d’œil s’il est bien aussi spécial que la légende le prétend. Ca faisait beaucoup de « si » mais Myrien aimait la technologie, et puis l’idée de se balader avec un casque qui ne serait peut-être pas le bon, pour le ramener en France et comprendre leur erreur, non merci. Le gaussmètre était néanmoins trop faible pour mesurer les champs entourant un corps humain. D’ailleurs, aucun gaussmètre portatif n’en était capable à sa connaissance. Dommage, ce n’est pas aujourd’hui qu’il ferait sa démonstration à Sélène.
Il était déjà dix-sept heures lorsqu’il eut terminé ses emplettes et se dirigeait vers la résidence secondaire de son employeuse avec un énorme sac de voyage sur le dos, et un autre dans les bras. Elle lui avait laissé le double des clés et n’aurait qu’à attendre son arrivée. Enfin il pourrait découvrir l’intérieur de cette demeure.

N’empêche, c’était une fille vraiment étrange. Combien de personnes dans le monde, âgées d’une vingtaine d’années à peine, pouvaient se permettre d’embaucher un inconnu à plusieurs milliers d’euros par mois pour une durée indéterminée, de vivre dans un manoir toute seule, de prendre un avion quand ça lui chante pour partir en Irlande juste pour chercher sa garde-robe et régler « quelques détails » ?
Il s’était renseigné durant l’après-midi, dans un cybercafé, et en savait désormais un peu plus sur elle. Ou plutôt sur sa famille, dont il avait vu le nom à l’entrée du manoir, la veille.
L’article de Wikipédia était sous-titré « La malédiction des O’Fummdle ». Sélène O’Fumddle était née d’une mère française et d’un père irlandais, à Dingle dans l’ouest de l’Irlande, en 1990. Peter O’Fumddle, son père, était un richissime entrepreneur qui avait bâti sa fortune sur le commerce maritime et le bois issu des forêts équitables. Une partie non négligeable de sa fortune était utilisée chaque année en expéditions de recherche, en groupe ou en solitaire. Sa dernière expédition fut la quête du casque sacré d’Orion, durant laquelle il disparut mystérieusement, son corps n’ayant jamais été retrouvé. Sa mère, Nina, fut retrouvée peu de temps après, pendue dans les toilettes, laissant en 1998 sa fille, Sélène, unique héritière des entreprises et de la fortune familiale lorsqu’elle aurait atteint sa majorité.
Quand Myrien releva la tête, il se trouvait aux portes du manoir.

-          Tiens, Sélène est déjà rentrée, fit-il pour lui-même en constatant que les battants de porte n’étaient pas bien refermés. 
On a beau être riche, ce n’est pas une raison pour laisser sa porte ouverte, pensa-t-il.
Il allait pénétrer dans le grand hall central lorsque l’idée le foudroya comme un éclair, logique.
Ce n’est pas Sélène qui est entrée.
Myrien déposa ses sacs à l’extérieur du bâtiment et songea à la situation.
Sélène avait beau être spéciale, elle n’était pas inconsciente pour autant. Ce ne pouvait donc pas être elle. Et il se souvenait très bien des tours de clés qu’elle lui avait laissées le matin à leur départ. Ce ne pouvait donc être qu’un braquage. Mais qui était le braqueur assez idiot pour passer par la porte et la laisser ouverte ?
Silencieusement, il se glissa dans l’entrebâillement, sur les traces du voleur. Ou des voleurs. Mais il préféra ignorer cette possibilité. Une fois dans le grand hall central, le doute n’était plus permis. Le capharnaüm qui régnait était comme une piste à suivre qui le mènerait à son but.
Myrien avisa que rien n’était détruit, simplement renversé.
D’un autre côté, c’est peut-être comme ça qu’elle fait son ménage.
Il y eut un bruit de livres qui s’écroulent au rez-de-chaussée.
Ou peut-être pas.
Il se dirigea sans bruit vers une porte fermée qui portait une inscription gravée sur une petite plaque dorée, comme celles que les médecins affichent à l’entrée de leur cabinet pour vous faire croire que leurs années d’études valent de l’or. Bibliothèque.
Quel est le voleur qui oublie de refermer la porte d’entrée mais qui se boucle dans une pièce à bouquins ? … Peut-être des gros balèzes venus chercher un certain carnet.

Cette idée ne lui plaisait pas. Bizarrement, celle de chercher un couteau ou un club de golf comme dans les films ne s’était pas imposée à son esprit comme étant d’une logique imparable. Quand on prend une arme, il faut être prêt à s’en servir, et il ne s’imaginait pas utiliser un outil tranchant. Ou même un club. Mais surtout, quand on utilise une arme, on peut s’attendre à ce que l’autre ait moins de scrupule, s’il vous la prend, à l’utiliser contre vous. Du coup Myrien inspira profondément. Et c’était déjà pas mal.
À l’intérieur de cette pièce, sans qu’il sache comment ni pourquoi, il sentait quelque chose de différent. Comme une énorme puissance contenue. Ce genre de pressentiment ne lui disait rien qui vaille et il aurait aimé ressentir l’Univers en lui comme la veille. Mais le vouloir ne semblait pas suffire.
Il écouta à la porte. Des grognements gênés, bruits de livres froissés, une chute. A l’oreille, cet invité surprise semblait bien empoté. Myrien compta jusqu’à 3 et…
-          Qu’est-ce que tu fais ?
Le jeune homme sursauta et son cœur fit une embardée dans sa poitrine lorsqu’il reconnut la voix de Sélène dans son dos. À l’intérieur de la bibliothèque, les bruits avaient instantanément cessé. Rapidement, il fit basculer la poignée et se jeta à l’intérieur de la bibliothèque.
Pourvu qu’il n’ait pas d’arme, pourvu qu’il n’ait pas d’arme !
Sans chercher à comprendre, il fonça, balaya la pièce du regard, repéra l’individu – un homme qui avait l’air aussi étonné de le voir surgir qu’un nouveau-né devant un Big Mac – et rectifia sa course pour lui tomber dessus. Il projeta tout son poids sur l’inconnu et chuta avec lui. L’homme se débattait plus qu’il ne se défendait. Quand il eut enfin le dessus, à califourchon sur lui et le maintenant ventre à terre, une autre personne le saisi par le col et l’envoya valser.
Ils étaient donc deux ?
Il se releva d’un bond, prêt à combattre. Un instant, il crut ressentir la puissance familière monter en lui, affluer de l’espace, de l’air, de l’intérieur de son corps, électrisant ses paumes… et constata que c’était Sélène qui l’avait rudoyé.
Comprendre cela le ramena aussitôt à sa condition de simple humain. Mais face à elle, dans la situation où se trouvait le voleur, il aurait préféré avoir des super pouvoirs.
Sélène maintenait l’inconnu à son tour, dos au sol cette fois, et appuyait contre sa gorge la lame familière en céramique. Que devait-il faire, intervenir et prendre le risque qu’elle dérape ? Myrien était complètement sonné par la situation. Tout lui échappait.
-          C’est à toi que je pose la question maintenant. Qu’est-ce que tu fais là ?
L’inconnu regardait Sélène avec des yeux horrifiés.
-          Qu’est-ce que tu viens faire ici, Simon ! cracha-t-elle alors que l’homme lui montrait sa gorge avec l’un de ses  doigts. Sélène lui écrasait la trachée.
Elle desserra sa prise mais ne relâcha pas son attention. Ses yeux étaient fixés sur l’homme avec une insistance terrible et un brin de folie. L’autre en tout cas semblait tout à fait prêt à croire qu’elle le tuerait.
Enfin il put répondre.
-          Je… Je suis venu chercher le carnet, fit-il d’une petite voix, conscient d’avouer un peu facilement ses torts, mais aussi que sur un simple mensonge, cette fille si petite serait actuellement capable de lui refaire le portrait.
-          Le carnet n’existe plus, il a fait trempette un peu trop longtemps dans les bouches d’égout. Pourquoi tu veux le carnet ?
-          Parce que… tu n’as pas toutes les informations nécessaires… pour retrouver… le casque…
Le regard de Sélène, figé un instant plus tôt sur l’intrus, se perdit dans le vide.

Quelques minutes plus tard, on aurait pu croire que la tension se fut apaisée. Un tout petit peu.
-          Alors comme ça vous vous connaissiez ? demanda Myrien pour alléger l’atmosphère.
Les deux autres s’évitaient soigneusement du regard. Sélène donnait toujours l’impression de vouloir fendre le crâne de son vis-à-vis, Simon concentrait toute son attention sur un détail imaginaire sur la surface de la table. Tous trois étaient enfin assis dans le salon (qui faisait certainement aussi office de bureau, de débarras, de bibliothèque et de salle à manger), Myrien faisait ce qu’il pouvait pour rendre la parole aux deux autres. Jusqu’à maintenant, rien n’y faisait.
L’inconnu, qui s’appelait Simon Dietrich, était un chercheur. Pire que ça, il était un rival direct de Sélène et lui, puisque cet homme était aussi en quête du fameux casque. Histoire d’en rajouter une couche, ces deux-là ne s’étaient plus adressés la parole depuis que Sélène avait décidé de couper les ponts avec ses anciennes connaissances. Car, si Myrien avait bien tout saisi lorsque Sélène lui avait exposé les choses, Simon était un ami de Peter O’Fumddle et l’accompagnait souvent dans ses expéditions. Néanmoins, il était sur une autre expédition lorsque le père de Sélène avait disparu.
 Jusque-là, ça tenait la route.

Mais depuis ce triste jour, Sélène avait refusé de revoir quiconque connaissait de près son père, et ce tant qu’elle n’aurait pas découvert les circonstances de sa mort. Simon avait donc mené sa propre enquête sur l’artefact que recherchait Peter, le casque d’Orion, se faisant du même coup le rival direct de Sélène. Depuis trois ans qu’elle avait quitté les études, après le bac, elle avait fouillé toutes les pistes laissées par son père, avait suivi de nombreuses conférences de part le monde et pouvait d’ores et déjà se dire experte sur la question du casque d’Orion et tout ce qui gravitait autour (mythologie du héros éponyme, légendes anciennes et récentes, dernières découvertes scientifiques et archéologiques, questionnements divers, propriétés supposées du casque, constellation d’Orion, etc.).
A force d’erreurs et de questionnements, elle s’était dirigée vers la piste parallèle et avait cherché les indices dans les étoiles. Ajouté à son jeune âge et à son sexe dans un milieu majoritairement vieillissant et masculin, cela lui avait valu de nombreuses critiques de la part du monde scientifique, puis l’ignorance la plus totale de la part de la grande majorité autoproclamée « pensante ».
Il y a quelques semaines, une information avait filtré selon laquelle Sélène O’Fummdle détenait un indice primordial dans la quête du casque. Elle avait reçu alors de nombreuses propositions de financement et d’accompagnement par d’autres scientifiques, les mêmes qui s’étaient moqués d’elle par le passé. C’est là que la guerre du casque a commencé et pour certains, tout était permis. D’où sa mise sur écoute ou encore sa filature et tentative d’intimidation par les deux brutes. Les légendes qui couraient sur le casque d’Orion étaient plus présentes et plus fantastiques que jamais.
Simon Dietrich, respectueux de la vie privée de la fille de son ami Peter, avait quant à lui mis les autres chercheurs sur écoute. C’est du moins ce qu’il avait annoncé à Myrien afin que celui-ci intercède en sa faveur auprès de Sélène. Le vieil homme avait ainsi appris beaucoup de choses qui pouvaient se révéler primordiales dans la quête du casque et notamment que Sélène détenait une information capitale sous format codé, gribouillé dans un petit carnet. Il ne lui manquait qu’une seule information pour se lancer à l’aventure : celle que Sélène, du haut de ses vingt-et-un ans, avait découverte « dans les étoiles ». L’emplacement approximatif de l’artefact. Ceci expliquait qu’il se soit décidé à entrer par effraction chez Sélène et qu’il fouillait dans sa bibliothèque.
Depuis que Simon avait révélé toute cette histoire à Myrien, Sélène s’était murée dans un silence têtu. Lorsqu’il avait émis la proposition de partir avec eux et d’échanger leurs informations, Myrien avait du s’interposer pour protéger le nouveau venu. L’une et l’autre se refusaient chacun à parler en premier. La première par fierté, l’autre par peur de se faire casser le nez. Et Myrien, assis en face des deux, ne savait plus quoi dire pour meubler le silence.
Lorsque l’idée lui vint, limpide.

-          D’après ce que j’ai compris Sélène, nous ne serions partis que tous les deux pour retrouver le casque d’Orion, n’est-ce pas ?
-          Je n’ai aucune confiance en tous ces mâles qui se croient supérieurs sous prétexte qu’ils ont une moustache !
-          Et… Simon, enchaîna Myrien en évitant l’attaque, est le seul scientifique qui ne t’ai pas enfoncé quand tu étais au plus bas ?
-          Parfaitement ! fit l’intéressé.
-          Oh ! C’était facile de se taire, enchaîna Sélène.
-          Mais c’est toi qui refusais de répondre au téléphone !

Myrien laissa les deux se chamailler, Sélène usant de quelques insultes bien choisies. Il devait reconnaître que Sélène était très forte dans ce domaine, avec une capacité à improviser tout à fait impressionnante.
-          Paltoquet !
-          Non mais c’est fini, oui ?
-          Nouille farcie !!
Myrien intervint :
-          Vous ne pensez pas tous les deux que nous unir serait bénéfique ?
-          Mais c’est plus que bénéfique, fit l’archéologue, c’est nécessaire pour trouver l’artefact ! Je sais comment le déterrer, elle sait où le trouver !
-          Alors où est le problème ?
-          Le problème est que je n’ai pas confiance en ce vieux buisson, lâcha Sélène.
-          Et moi je ne cèderai mes précieuses informations pour rien au monde, avoua Simon.
-          Dans ce cas, pourquoi ne pas les garder jusqu’au dernier moment ? Sélène, nous n’informons pas Simon du lieu exact afin de nous assurer qu’il ne nous fausse pas compagnie durant le voyage. Et vous Simon, vous emmenez vos documents dans une boîte scellée. Ainsi, pas de trahison possible de part et d’autre et quand nous trouverons le casque, nous le dédierons à Peter O’Fummdle.

L’argument, risqué, avait fait mouche.
Quelques secondes s’écoulèrent pendant lesquelles chacun soupesait la proposition.
-          Très bien, conclut Sélène. Mais je ne garantis rien pour la publication de la découverte. Et note-le bien Simon, si tu poses trop de questions, je t’envoie finir par terre !
-          Je suis d’accord moi aussi, dit le scientifique en ignorant la menace. Si le casque d’Orion se révèle bel et bien être un artefact datant de la mythologie, je ne souhaite pas que cela soit ébruité.
-       Nous réglerons alors cette question quand nous aurons trouvé le casque, fit Myrien. Le problème est-il résolu ?
Ce fut à Simon de prendre la parole après un regard d’accord avec la jeune fille.
-          Pour moi il l’est.  Mais j’aurai besoin de rassembler quelques pièces.
-          Nous partons demain. Et c’est pas négociable.
-      Je serai prêt. Où allons-nous ? La Grèce, lieu de naissance du mythe ? En Norvège, sur l’île de Svalbard où tu as trouvé l’éclat de métal ?
-          Pas du tout. Nous partons en Egypte.
-          En Egypte ?
-          Oui, en Egypte
-          Mais où exactement ?
Myrien ferma les yeux pour ne pas voir ce qui allait suivre.
Quand il les rouvrit, Simon Dietrich finissait son vol plané et partit à la rencontre du sol.
Sélène se frottait déjà les jointures.
-          Je te remercie de l’avoir invité à nous suivre, Myrien. Ce voyage promet d’être divertissant.


2 commentaires: